Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 15:10

 

        
Dans le roman de James Sallis le personnage principal du roman est nommé Le Cascadeur. Dans le film c'est le Driver. Discret, efficace, et taciturne, trois qualités requises pour que vos employeurs vous adoubent du terme " professionnel". Cascadeur le jour quant il ne travaille pas dans le garage miteux de son mentor, et " Conducteur" la nuit pour des malfrats pas très fûtés.
On ne sait pas comment il s'appelle. On sait juste qu'en dehors de ses occupations quotidiennes il est fermé sur lui-même, qu'il erre comme un fantome entre les murs de son appartement. Le chamboulement va se produire via la personne de sa voisine, une belle demoiselle qui éléve seule son enfant. Au début il ne fait que la croiser, la zyeute avec la fascination d'un gamin qui commence à croire aux contes de fées. On se tient à du bonjour. jusqu'au jour où il va devoir lui porter assistance parce que la voiture de cette dernière a rendu l'âme- comme lorsqu'une princesse se retrouve sans moyen de transport et du coup perdue en plein milieu d'une forêt.

 

  Or, si le Driver arrive à nouer avec le gamin une relation forte, il se trouve que le père de ce dernier- un malfrat à la petite sauvette- va refaire surface et replace le film dans son point d'ancrage: la réalité, la vraie. On s'apperçoit aussi que le Driver souffre de troubles autistiques, qu'il est figé même lorsqu'il s'agit de grimer un sourire. Retour qui débouchera ineluctablement sur une série de morts bien sanguinolentes. A partir de là le film accentuera le côté vraiment inquiétant du personnage plus antihéros qu'héros.

 

       
La réalité est une brute. Cette "scène contrastée" nous en dit long sur l'intention déniaisante du film. Dans un conte de fée le preux chevalier se porte au secours d'une dâme au nom d'un amour idyllique et celle-ci l'admire pour avoir tuer l'horrible monstre qui en voulait à sa vie. La princesse est toute conquise, car son cavalier/chevalier/ sauveur. Brut de décoffrage est le récit noir. Son principe est de ramener à la réalité ceux qui s'illusionnent. Réac pour les uns, progréssiste pour les autres, il est anti-idéaliste au possible. Car, au fond, pour tuer le monstre le " chevalier servant"ne va pas faire appel à son bon coeur mais à ses pulsions les plus viles, lesquelles feront de lui un être encore plus "monstrueux" que le monstre en question. Le chevalier suinte la monstruosité, il est un Homme, un pur, un dur, un vrai de vrai.
Nicolas Wending-Refn appartient à l'école Européenne. Depuis quelques années pour des commandes ou des projets Hollywood fait appel aux services de réalisateurs étrangers, ceci parce que la plupart d'entre eux ont à leurs actifs des réalisations plus soignées. Plus esthétisantes. Exemple, on a vite fait la différence entre le travail d'un Christopher Nolan et d'un Joss Whedon. A la manière des Envahisseurs Arabes ces réalisateurs réapprénnent aux américains qu'un film ne consiste pas qu'à divertir de grands enfants. En la matière les Européens restent nettement supérieurs car ils restent toujours convaincus qu'on ne peut avoir de beauté d'image sans des prestations d'interprêtes, alors que les etasuniens ont toujours privilégié la plastique. Les seuls qui talonnent actuellement les Européens sont les Chinois, les Japonais, et quelques cinéastes Africains, quand bien sur on reste dans un cadre assez traditionnel.
Deux mots pour conclure: chef d'oeuvre!
Partager cet article
Repost0

commentaires